Alors que les requins jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins, leur population a été gravement affectée par la pêche industrielle intensive. Entre 100 et 275 millions de requins sont tués chaque année dans le monde et leur disparition pourrait engendrer des bouleversements écologiques majeurs dans l’habitat marin. En effet, les requins sont au bord de l’extinction en raison de menaces telles que la surpêche commerciale.
Même si l’extinction des requins a toujours suscité des débats, les arrestations de cinq trafiquants avec plus de 6,79 tonnes d’ailerons de requins stockés dans un conteneur de 12 mètres de long au Panama et celle des trafiquants de nationalité étrangère arrêtés au Sénégal avec plus de 2, 976 tonnes, en mars dernier, ont davantage poussé à s’interroger sur la protection des espèces en voie d’extinction, dont les requins.
Les activités humaines ont décimé une majeure partie des populations de requins à travers le monde. Aujourd’hui, 60% des espèces de requins sont en danger d’extinction, avec le risque de bouleverser l’équilibre de la santé de nos océans.
Les requins requiem et les requins-marteaux sont les victimes de plus de la moitié du trafic mondial d’ailerons de requin qui représente plus de 500 millions de dollars par an.
L’exploitation de leurs nageoires est considérée comme l’une des principales menaces pour ces espèces, qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins. Les ailerons de requins peuvent être vendus jusqu’à 1.000 dollar le kilogramme sur le marché asiatique dont le centre se situe à Hong Kong. La soupe d’ailerons de requin permettrait de retarder le vieillissement, rendrait l’appétit, améliorerait la mémoire et aurait des vertus aphrodisiaques, selon des croyances populaires.
Selon Paul Watson, de l’ONG SEA SHEPHERD, il est complètement légal de se rendre sur les zones dans lesquelles évoluent des espèces strictement protégées et d’y déployer des filets de pêche non sélectifs, et dont on sait qu’ils vont capturer des espèces protégées et interdites de capture.
« Quand bien-même la capture serait vraiment accidentelle, ce sont des milliers d’individus strictement protégés, interdits de capture ciblée, qui sont ainsi vendus chaque année en toute légalité dans les supermarchés, les étales de poissonnerie etc. Cette permissivité dans la loi fait qu’on n’arrive pas à réellement protéger les requins », a-t-il déclaré.
Selon une étude récente réalisée par le Groupe de spécialistes des requins de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 28% des 284 espèces de requins évaluées sont menacées, tandis que 19% d’entre elles risquent de le devenir. Du fait de leurs caractéristiques biologiques, les requins d’eau profonde sont particulièrement vulnérables à la surpêche.
À l’échelle mondiale, les requins sont ciblés pour leur viande et leur huile de foie, mais la plupart du temps, ils sont péchés uniquement pour leurs ailerons très appréciés sur les marchés d’Asie du Sud-Est. Le « shark finning » ou « aileronnage » est une pratique qui consiste à découper les ailerons de requins en raison de leur forte valeur commerciale. Estropiés, les requins sont rejetés le plus souvent vivants dans l’océan. Les ailerons de requins sont principalement destinés à la confection d’une soupe traditionnelle de la culture asiatique.
Informations tirées d’un document de l’UICN « Shark finning » : « La découpe des ailerons de requins et le rejet des corps constituent un gaspillage en protéines et autres produits dérivés de requins, utilisant seulement 2 à 5% du requin pour rejeter tout le reste. Cette pratique menace de nombreux stocks de requins, la stabilité des écosystèmes marins, des pêcheries traditionnelles durables et des pêcheries de plaisance importantes sur le plan socio-économique.
Selon la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, bien que les requins ne soient pas initialement ciblés, de nombreuses espèces protégées ou non, sont régulièrement victimes de l’utilisation massive de techniques de pêche non sélectives, telles que la pêche à la palangre, le chalut de fond ou la pêche au filet maillant.
Selon le rapport l’IFAW, les requins et les raies sont aujourd’hui le groupe d’espèces les plus menacées, plus menacées même que les éléphants et les grands félins.
« La demande internationale pour leurs ailerons et leur chair a provoqué une diminution significative de leurs populations dans le monde entier : on estime que plus de 100 millions de requins meurent chaque année dans les pêcheries, soit le double » du nombre des prélèvements permettant de préserver l’espèce », a-t-il indiqué.
Hong Kong est l’un des plus grands marchés du monde pour les ailerons de requin, considérés par de nombreuses communautés chinoises comme un mets de premier choix et souvent servis en soupe lors de banquets. Pourtant, la Commission européenne a annoncé début juillet qu’elle allait étudier la possibilité d’interdire le commerce des ailerons de requin détachés du corps de l’animal, en réponse à une pétition qui a récolté plus d’un million de signatures dans l’Union européenne (UE).
L’Union européenne reste l’un des plus importants exportateurs de nageoires de requin, exportant « en moyenne » 2.300 tonnes de nageoires de requin congelées par an, pour un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros, soit près d’un tiers du total mondial, selon la Commission européenne. Afin de protéger les espèces menacées des captures accidentelles, il faudrait donc protéger leur habitat, ce qui passe notamment par l’interdiction des méthodes de pêche non sélectives. Les filets sont problématiques car ils ont tendance à capturer tout ce qui passe. Il y a ensuite des critères qui vont les rendre encore moins sélectifs, en fonction de la profondeur à laquelle ils vont être placés, leur hauteur, et la taille des mailles du filet. Les lignes de pêche sont plus sélectives, sauf si on y met des milliers d’hameçons de taille importante, capables de capturer des requins, des tortues marines, voire des dauphins.
Au Togo, à part la sensibilisation des pêcheurs sur la protection des requins, les autorités entretemps avait suspendu l’immatriculation des navires de pêche et la délivrance de licences de pêche aux navires étrangers. Plusieurs navires battant pavillon togolais avaient été radiés du registre pour suspicion de pêche illégale dans les eaux d’autres pays.
La loi N° 2016- 026 d’octobre 2016 portant règlementation de la pêche et de l’aquaculture au Togo, à son article 61 a clairement indiqué qu’il est interdit de tuer, blesser ou poursuivre des mammifères ou autres animaux aquatiques ou amphibies protégés sur l’étendue des eaux continentales et maritimes de l’Etat togolais. Et, sont prohibées, la pêche, la capture, la détention et la commercialisation de toutes les espèces de tortues marines et produits dérivés ; ainsi que la chasse, la capture, la détention et la commercialisation de toutes les espèces d’oiseaux marins et produits dérivés.
La pêche illégale en Afrique de l’Ouest recouvre de nombreuses activités illicites qui vont au-delà de la description traditionnelle qui peut en être faite, et la réponse répressive qui devrait y être apportée dépasse aussi les capacités et la compétence en matière d’enquête et de poursuites de la plupart des autorités nationales chargées des pêches. La portée transnationale et la complexité de ces activités de pêche illicite nécessitent une coopération entre les services chargés de l’application de la loi au sein des différents pays et par-delà les frontières nationales.
Le commerce controversé des ailerons de requins prend de l’ampleur malgré tout ce qui est mis en place jusqu’aux textes qui punissent le trafic illégal des espèces protégées. Si les défenseurs de l’environnement obtiennent une réglementation juridique plus stricte selon les pays, cela pourrait diminuer l’ampleur de ce trafic qui met en danger les requins et les autres espèces protégées en voie d’extinction.
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