Une nouvelle étude conduite à Lomé révèle que les pigeons des villes pourraient jouer un rôle clé, mais inattendu, dans la propagation de la résistance aux antibiotiques au Togo.
Dirigée par Siliadin Akuele, ingénieure biologiste et doctorante à l’Université de Lomé, cette recherche met en lumière la présence importante de bactéries Escherichia coli résistantes aux céphalosporines à spectre étendu (BLSE) dans les fientes de ces oiseaux urbains.
Sur 96 prélèvements réalisés dans différents pigeonniers de la capitale, plus de la moitié (54 %) contenaient ces bactéries résistantes, des chiffres bien supérieurs à ceux observés dans d’autres pays, comme la France ou le Bangladesh, où les taux varient généralement entre 1 et 5 %.
« Ces résultats suggèrent que les pigeons sont un réservoir important de bactéries multirésistantes en milieu urbain », explique la chercheuse.
Le phénomène s’intensifie pendant la saison des pluies : le taux de pigeons porteurs de BLSE passe de 30 % en période sèche à 78 % quand l’humidité augmente, ce qui pourrait faciliter la dissémination des bactéries.
Cette situation est en partie liée à l’utilisation excessive des antibiotiques dans les élevages, y compris dans l’élevage urbain des pigeons.
« Les pratiques d’emploi d’antibiotiques pour prévenir les infections chez ces oiseaux créent un environnement propice à l’émergence de souches bactériennes résistantes, exposant ainsi les populations à un risque sanitaire accru », poursuit Siliadin Akuele.
Face à cette menace, l’étude souligne la nécessité d’intensifier les recherches sur la dissémination de ces bactéries résistantes dans les zones urbaines au Togo et en Afrique de l’Ouest, ainsi que d’évaluer les pratiques d’élevage pouvant favoriser l’essor de ce phénomène. La sensibilisation aux usages appropriés des antibiotiques en milieu urbain apparaît également cruciale pour limiter ce risque.